Auch. Discorde au cabinet de dentistes

Tribunal. Un couple de chirurgiens dentistes devait répondre hier de harcèlement moral. Ils ont nié ces faits à la barre.

Un couple de chirurgiens dentistes devait répondre, devant le tribunal correctionnel, de harcèlement moral. Photo DDM, archives.
Un couple de chirurgiens dentistes devait répondre, devant le tribunal correctionnel, de harcèlement moral. Photo DDM, archives.

Elle, elle ne comprend pas. « Est-ce du harcèlement que de contrôler les choses dans une entreprise ? ». Elle s'expliquera longuement. Lui nie, s'exprimera peu. Ils sont mariés et tous les deux chirurgiens dentistes ; ils ont monté un cabinet dentaire dans les années quatre-vingt. Un associé est venu compléter l'équipe en 1997. Le couple est poursuivi pour harcèlement moral et dégradations des conditions de travail. En face d'eux, quatre plaignantes, leurs anciennes assistantes dentaires. Aux réponses des prévenus, parfois, celles-ci réagissent sur leur banc. « Incroyable ». Pendant plus de trois heures, le tribunal correctionnel a étudié cette affaire jeudi.

L'ambiance au sein du cabinet dentaire où tous travaillaient aurait commencé à se dégrader, de l'avis de chaque partie, après une formation qu'ils ont suivie. Des différends naissent entre associés et assistantes dentaires. Puis il y a la visite de l'inspection du travail et, au final, des départs et une lettre commune au parquet. Les plaignantes parlent de « suspicion », de « propos et comportements vexatoires devant les clients », « d'insultes », « d'avoir lancé un porte-empreinte », elles ont la sensation d'être « épiées, surveillées, contestées, critiquées… ». Les prévenus évoquent eux « un détournement de clientèle », des « clans », « des rappels à l'ordre », des « remarques à propos du travail » mais refusent l'idée de harcèlement moral. Un témoin dira : « Je me sentais très mal à l'aise dans ce contexte-là ». L'avocate de la partie civile avouera être en « colère dans ce dossier par les méthodes employées. On nous dit complot de celles-ci

[Ndlr : les quatre plaignantes] pour un détournement de clientèle mais la défense ne fournit pas de preuves ». Elle parlera de leur objectif (« que cela ne se reproduise pas »), des séances de psychothérapie des plaignantes, de leurs arrêts de travail, d'une hospitalisation pour l'une d'entre elle. Elle demandera 8.500 euros au titre du préjudice moral pour les trois premières, 10.000 euros pour la dernière. « On est passé de l'entente cordiale à la guerre fratricide », estimera la substitut du procureur, Carole Combres. « On va au-delà du simple contrôle ». Elle demandera 3.000 euros d'amende dont 1.500 avec sursis. « N'ont-ils pas fait que répondre à une agression ou ressentie comme telle », plaidera l'avocat des deux prévenus. Pour lui, « il y a un marionnettiste et c'est le fonds du dossier »; il plaidera la relaxe. Le jugement est mis en délibéré au 15 janvier 2009.

source : LADEPECHE.fr