INDICES ET MESURES EN ODF

Plan :


I.DIMENSIONS DE L'ARCADE
1. La largeur des arcades dentaires
1.1 Définition
1.2 Variations temporelles
2. la longueur, flèche ou profondeur d'arcade.
2.1 Définition
2.2 Variations temporelles
3. le périmètre d'arcade
3.1 Définition
3.2 Variations temporelles

II.LES INDICES CLINIQUES
1. Indices calculés sur les photographies.
1.1 Index facial
1.2 Mesure de la hauteur faciale.
2. Indices calculés sur les moulages
2.1. Indices estimant l'encombrement dentaire
 INDICES BASES SUR LA METHODE DE NANCE:
 INDICES BASES SUR LA METHODE DE TWEED MERRIFIELD
 INDICES D'IRREGULARITE de LITTLE
 EVALUATION SEGMENTAIRE DE LUNDSTRÖM
2.2. Indice de Baldridge
2.3. Indices mesurant la DDD (dysharmonie dentodentaire): INDICE DE BOLTON
2.4. Indice mesurant les bases squelettiques: analyse de Rees
2.5. Indice de Hauteur palatine
3. INDICES UTILISANT LES CLICHES RADIOGRAPHIQUES
3.1. Indices de position molaire
3.2. La position de l'incisive mandibulaire

III.INDICES EPIDEMIOLOGIQUES
1. Index of orthodontic treatment need (O.I.T.N)
2. Peer Assessment Rating Index (PARI)
3. Index de priorité thérapeutique





I.DIMENSIONS DE L'ARCADE

Les indicateurs dimensionnels les plus utilisés en clinique sont :
• la distance inter-canine
• la largeur inter-prémolaire
• la largeur inter-molaire
• la longueur ou flèche d’arcade
• le périmètre d’arcade




Figure 1 Mesure standard des arcades

L: Longueur d'arcade ou flèche d'arcade
Lm: largeur molaire
Lc: largeur canine
Courbe p à p': périmètre d'arcade
Bassigny 1983


1. La largeur des arcades dentaires

1.1 Définition
La distance inter-canine est la distance transversale rectiligne mesurée entre le sommet des pointes canines droite et gauche.
La distance inter-prémolaire est mesurée au niveau des sillons et fossettes mésiales des sillons occlusaux.
La distance inter-molaire correspond à la distance transversale rectiligne joignant le sommet des cuspides mésio-vestibulaires des 1ères molaires permanentes. (BJORK préfère prendre les cuspides mésio-linguales)

La largeur des arcades au niveau des prémolaires et des molaires est normalement en relation avec la somme des largeurs mésiodistales des quatres incisives maxillaires. (Pont)

Indice de PONT:
Pont avait établi au début du siècle les largeurs souhaitables d'arcade supérieure (avec 2mm d'excès) en fonction de l'arc incisif (correspond à la somme des diamètres mesiodistaux des 4 incisives maxillaires). Ce dernier est cependant un faux témoin en raison de la variabilité des incisives latérales supérieures.


La comparaison des mensurations cliniques avec les valeurs moyennes, considérées comme normale, permet de mettre en évidence deux situations pathologique: l'arcade étroite ou large. (Cette valeur peut être faussée par un SIo (somme des diamètres mesiodistaux des 4 incisives maxillaires selon Rakosi) très grand ou très petit ou des anomalies de forme des 4 incisives maxillaires.) On peut dans ce cas utiliser l'indice de Tonn prenant en compte la largeur mésiodistale des incisives inférieures (SIu).

Formule de Tonn SIo= ((SIu x 4)/ 3) + 0,5


D'après Linder et Harth, la formule de l'indice de Pont est:
-Valeur idéale de la largeur interprémolaire d'arcade (SIo x 100) / 85
- Valeur de la largeur intermolaire d'arcade : (SIo x 100) / 65

La différence entre la valeur idéale et la valeur mesurée traduit l'écart de la croissance transversale de l'arcade par rapport à la normale.



Tableau de corrélation entre la somme des incisives supérieures et des largeurs d'arcade.

Tableau regroupant les valeurs idéales selon différents auteurs (WEISE, BENTHAKE 1965).
Lorsque les points de référence maxillaires et mandibulaires se superposent, les valeurs moyennes sont valables aussi bien au maxillaire qu'a la mandibule.





Figure 2 :Corrélation entre la forme de l'arcade et la somme des largeurs des incisives.
Ce diagramme montre que la taille de l'ellipse maxillaire supérieure dépend de la largeur mésiodistale des incisives supérieures.



1.2 Variations temporelles

Il se produit une apposition osseuse constante au niveau des corticales externes.

 distance inter-canine :
Elle varie peu jusqu’au remplacement des incisives, où elle augmente aux 2 arcades.

• Mandibule : lors de l’éruption des incisives permanentes, les canines temporaires sont repoussées vers l’arrière et contribuent à fermer les diastèmes inter-dentaires. L’éruption des canines permanentes suit une direction centrifuge et légèrement distale, favorisant ainsi un accroissement de la distance inter-canine (ce phénomène, encore appelé espacement secondaire, se produit en l’absence de toute croissance squelettique significative)

• Maxillaire: on constate un accroissement de 5 à 8 ans, puis une diminution légère avant l'éruption des canines vers 10 ans.

Selon Bassigny la distance inter-canine est stable après leur mise en place fonctionnelle.





Figure 3: Evolution normale de la distance inter-canine au cours de l’éruption des incisives permanentes.
Les canines temporaires migrent vers l’arrière dans les espaces simiens, ce qui augmente l’espace inter-canin.



 Distance inter-prémolaire :

A la mandibule, elle augmente graduellement après 6 ans et continue au-delà de l’éruption des prémolaires.
Au maxillaire, la distance augmente de 3 à 13 ans d’environ 1,9 mm puis diminue légèrement.


 Distance inter-molaire :

Elle augmente légèrement à partir de 6 ans, puis se stabilise vers l’âge de 14 ans.



2. la longueur, flèche ou profondeur d'arcade.

2.1 Définition

Pour MOORREES, la flèche d’arcade est mesurée entre la tangente à la face vestibulaire des incisives centrales et la tangente à la face distale des 2èmes prémolaires.
Pour Bassigny c'est la distance mesurée à un moment donné, entre un point médian tangent aux bords libres des incisives centrales maxillaires ou mandibulaires et les points les plus distaux des deuxièmes molaires temporaires en denture mixte ou les points les plus mésiaux des premières molaires permanentes en denture permanente.

Grâce à cette mesure, on peut mettre en évidence les anomalies positionnelles des incisives dans le plan sagittal. Comme pour l'indice de Pont, il existe une corrélation statistique entre la longueur d'arcade et la somme des largeurs mésiodistales des incisives supérieures.
Cette longueur n'est pas seulement modifiée par les positions incisives, mais également par celle des premières molaires.



2.2 Variations temporelles

La flèche d’arcade augmente lors de l’éruption des incisives permanentes, surtout au maxillaire du fait de leur position plus vestibulaire (en moyenne: 2,2mm au maxillaire et 1,3mm à la mandibule).
Elle diminue ensuite lors de la perte des molaires temporaires et de l’expression du lee-way.
L’arcade est finalement plus courte à 18 ans qu’à 5 ans, surtout à la mandibule, car l’espace de dérive mésiale y est plus important et les incisives mandibulaires ont un axe plus lingual.








Figure 4: Variations de la flèche d’arcade entre les 1ères prémolaires chez la fille et le garçon entre 2 et 18 ans
A: à la mandibule
B: au maxillaire



3. le périmètre d'arcade

3.1 Définition

C’est la courbe unissant les points les plus mésiaux des 1ères molaires permanentes, en passant par les cuspides vestibulaires des prémolaires, les pointes canines et les bords libres des incisives.


3.2 Variations temporelles

Pour MOORREES, le périmètre d’arcade maxillaire augmente légèrement entre 5 et 18 ans: 1,3mm pour les garçons; 0,5mm pour les filles. A la mandibule, il observe une diminution du périmètre entre 6 et 18 ans: 3,4mm pour les garçons; 4,5mm pour les filles, pour une arcade dans sa totalité.
Pour CHATEAU, la diminution du périmètre d’arcade mandibulaire serait due à la dérive mésiale et au mouvement lingual physiologique du groupe antérieur (l’arcade maxillaire ne subit pas la même variation du fait d’une mésialisation moins importante des prémolaires maxillaires).

Les variations individuelles sont très importantes en fonction des rapports, denture temporaire/denture permanente, de la séquence d'éruption et des proportions relatives entre les deux dentures.


II. LES INDICES CLINIQUES

1. Indices calculés sur les photographies.

1.1 Index facial

La forme du crâne et celle du squelette facial sont exprimées quantitativement grâce à l'index de longueur/largeur du crâne, ainsi qu'à l'index morphologique facial. Sans qu'il y ait une dépendance directe avec la forme du crâne, on peut en déduire approximativement la forme des arcades dentaires.

Index longueur/largeur du crâne basé sur l'estimation anthropométrique de la plus grande largeur et de la plus grande longueur du crâne.
( crâne vue de haut)
Calcul de l'index et exemple de classification d'après Martin et Saller (1957) cité par Rakosi 1992





INDICE FACIAL = Distance Ophrion- Gnathion x 100
Distance bizygomatique


Exemple de la classification de Martin et Saller (1957)
* faces courtes: x - 78,9 (hypereuryprosope)
79 - 83,9 (euryprosope)
* Faces moyennes 84 - 87,9 (mesoprosope)
* Faces longues 88 - 92,9 (leptoprosope)
93 - x (hyperleptoprosope)




1.2 Mesure de la hauteur faciale.

Un visage est considéré comme harmonieux lorsque la hauteur du front (distance ligne d'implantation des cheveux- glabelle) représente le 1/3 de la hauteur totale de la face et qu'elle est donc à peu près égale à la hauteur de l'étage moyen (distance glabelle - point sous nasal) et à celle de l'étage inférieur (distance point sous nasal - pointe du menton)



Figure 5: proportion des différents étages de la face


2. Indices calculés sur les moulages

Les contraintes s’exerçant sur la denture mandibulaire étant plus nombreuses qu’au maxillaire ces indices sont en général calculés à la mandibule. (le maxillaire est en quelque sorte le couvercle qui vient coiffer la boite mandibulaire).

2.1. Indices estimant l'encombrement dentaire

 INDICES BASES SUR LA METHODE DE NANCE:

NANCE en 1947 détermine un indice d’encombrement dont la définition correspond à la différence entre l’espace disponible (ED) sur l’arcade (place offerte par le périmètre d'arcade) et l’espace nécessaire (EN) à l’évolution des dents permanentes.
Il est toujours réalisé à la mandibule.

Encombrement = ED – EN

Si l’espace nécessaire est supérieur à l’espace disponible, l’encombrement est dit négatif ; dans le cas contraire il sera, par convention, positif.



Mesure de l’espace nécessaire :
On mesure habituellement les dimensions mésiodistales de toutes les dents situées mésialement par rapport aux premières molaires permanentes, sur les modèles en plâtre pour les dents évoluées avec un compas à pointes sèches ou un pied à coulisse.
La mesure de chaque dent est ensuite reportée sur une droite à la suite de la mesure précédente. L’ensemble des mesures reportées est l’espace nécessaire.






Figure 6 : Mesure de l'espace nécessaire dent par dent et report sur une feuille de papier



Cas particulier: Pour les dents non évoluées, deux méthodes peuvent être utilisées pour la mesure des diamètres mésiodistaux
 L'étude radiographique
 la prévision mathématique

Il est possible d'estimer le diamètre mesiodistal des dents non évoluées sur un cliché radiographique, le plus souvent rétro-alvéolaire (bilan long cône pour diminuer l'agrandissement).

Pour les dents non évoluées en rotation (donc ne présentant pas sur le cliché radiographique leur diamètre mésio-distal), on peut:
- se reporter aux tables statistiques des dimensions dentaires moyennes.
Par exemple, la table de LANGLADE qui donne les diamètres d’un bloc canine-prémolaire homolatéral en fonction du diamètre des incisives mandibulaires. (figure 8)

- utiliser les tables de prévision mathématique.
Ballard ML, Wylie WL ont été les premiers à proposer une échelle de correspondance entre la somme des diamètres incisifs inférieurs, des premières molaires permanentes et celle des diamètres des dents permanentes à évaluer. D'autres auteurs se sont inspirés de cette idée pour créer leur propre échelle de correspondance, citons pour exemple, l'échelle de prévision de Claus et Moyers (1951), l'estimation de Hixon et Oldfather (1958).
En 1979, STALLEY, SHELLY et MARTIN ont proposé la méthode d’estimation avec équations à régression multiple. Cette méthode de prédiction des diamètres mésio-distaux des canines et prémolaires inférieures est longue et complexe, mais c’est celle qui présenterait le plus haut degré de corrélation.

Pour plus d'information se reporter au Langlade, cf biblio







Figure 8 : tableau de LANGLADE

A : table de probabilité présidant la somme des diamètres mésio-distaux des canines et prémolaires homolatérales maxillaires à partir de la somme des diamètres des incisives mandibulaires;
B : table de probabilité présidant la somme des diamètres mésio-distaux des canines et prémolaires homolatérales mandibulaires à partir de la somme des diamètres des incisives mandibulaires

ex : si la somme des diamètres MD des incisives mandibulaires vaut 25,0 mm :
- on a une probabilité de 85 % de rencontrer une somme des diamètres mesiodistaux des canines et prémolaires maxillaires égale à 24 mm,
- on a une probabilité de 85 % de rencontrer une somme des diamètres MD des canines et prémolaires mandibulaires égale à 23,8 mm.


Mesure de l’espace disponible :

 Par la méthode des secteurs : on divise successivement chaque hémiarcade en 3 secteurs (prémolaire, canin et incisif) et chacune de ces mesures est reportée sur une droite.



Figure 9 : Méthode dite des secteurs pour mesurer l’espace disponible sur l’arcade




 Par la méthode du fil de laiton : on façonne un fil mou de laiton préformé avec les doigts ou une pince, ce fil joignant les faces mésiales des 1ères molaires permanentes droite et gauche en parcourant le périmètre d’arcade. Le fil est ensuite remis rectiligne et sa mesure correspond à la place disponible de l’arcade en avant des 1ères molaires permanentes.




figure 10 : fil de laiton mis en place sans tenir compte des malpositions







Figure 11: Superposition matérialisant l'espace disponible et l'espace nécessaire.









 INDICES BASES SUR LA METHODE DE TWEED MERRIFIELD

TWEED et MERRIFIELD ont modifié la méthode de Nance. Ils effectuent une « analyse d’espace antérieur » pour réaliser l'analyse d’espace total de la denture.
Pour cette analyse d’espace, MERRIFIELD segmente l’arcade en :
- espace antérieur (bloc incisivo-canin);
- espace moyen (bloc prémolaires-1ére molaire);
- espace postérieur (bloc des 2èmes et 3èmes molaires).



Fig 12 : Analyse d’espace total de la denture selon TWEED et MERRIFIELD.

Les valeurs d’ED et d’EN sont donc modifiées :
-ED est la distance entre les 2 bords antérieurs de la mandibule.
-EN inclu toutes les dents jusqu'aux 3ème molaires permanentes. Si ces dents sont en place, la mesure est effectuée sur le moulage, sinon, il faut utiliser les radiographies.

Pour la zone antérieure ils calculent:
- l'encombrement ( ED-EN pour les 6 dents antérieures)
- le repositionnement incisif (IMPA)

Pour la zone moyenne, ils calculent:
- l'encombrement (ED-EN, pour les 6 dents de la zone moyenne)
- le nivellement de la courbe de Spee (voir indice de Baldridge)

Pour la zone postérieure, ils calculent:
- l'encombrement (ED-EN pour les 4 dents postérieures)
- l'espoir de croissance (1,5 mm par an jusqu’à 15 ans chez la fille et 17 ans chez le garçon)




 INDICES D'IRREGULARITE de LITTLE

Il évalue les malpositions dans la partie antérieure de l’arcade.

LITTLE mesure la distance des points de contact dentaires entre eux, pour chaque incisive mandibulaire. La somme des 5 déplacements représente le degré d’irrégularité relative des dents antérieures. Si nous avons un alignement parfait du point de contact mésial de la canine gauche à la droite, nous obtiendrons un score de 0. Plus les chevauchements augmentent et plus les déplacements des points de contact sont distants, plus l’indice sera élevé.



Fig 13 : indice d’irrégularité de LITTLE
(L’irrégularité est la somme des distances A+B+C+D+E)

 EVALUATION SEGMENTAIRE DE LUNDSTRÖM

L'arcade dentaire est divisée en six segments de 2 dents. Pour chaque segment on relève la dimension mésiodistale des douze dents, que l'on additionne.
La somme des différences entre espace nécessaire et espace disponible pour chacun des segments donne "le rapport d'espace" c'est-à-dire l'espace manquant ou en excès.


figure 14: segmentation de l'arcade selon Lundström

2.2. Indice de Baldridge

La correction de la DDM passe par le nivellement de la courbe de Spee, car une arcade nivelée est plus stable dans les sollicitations intra et interarcades.

 BALDRIDGE (1960) a déterminé l’augmentation d’espace nécessaire qu’entraîne ce nivellement de la courbe de SPEE inhérent aux thérapeutiques orthodontiques fixées :
Yc= 0,488(D+G)-0,51
Yc= 1/2 (D+G) – 0,5

avec Yc : allongement d’arcade obtenu ou périmètre d'arcade " consommé" par le nivellement.
D+G : somme des 2 mesures de plus grand écart (droit et gauche) entre un plan droit appliqué sur l’arcade et les pointes cuspidiennes des dents.




Fig 15 : Mesure de la profondeur de la courbe de SPEE pour l’indice de BALDRIDGE




 GARCIA a présenté un indice utilisé lorsque les courbes de SPEE sont marquées :
Yc=2/3(D+G) +1


 Nous pouvons également citer l’indice de la fondation TWEED, plus simple à utiliser :
Yc= ½(D+G) +1

Fig 16 : Effet du nivellement de la courbe de SPEE




2.3. Indices mesurant la DDD (dysharmonie dentodentaire): INDICE DE BOLTON

La mesure du rapport entre les dimensions mésio-distales des dents maxillaires et mandibulaires permet d’évaluer l’harmonie ou la dysharmonie dimensionnelle entre les deux arcades dentaires.
Ce rapport s’analyse au niveau de l’ensemble des arcades et aux secteurs antérieurs incisivo-canins.

On peut rencontrer une DDD par défaut ou par excès d’une arcade ou d’un secteur d’arcade par rapport à l’arcade ou au secteur antagoniste.

La cause de la DDD est parfois évidente (incisive latérale maxillaire en grain de riz ou dent géante), parfois plus subtile, et son diagnostic est d’autant plus difficile qu’elle peut être apparemment masquée par d’autres malformations ou malocclusions. Malheureusement, on ne s’en aperçoit souvent que vers la fin du traitement lorsque l’on pense avoir corrigé les malformations et les malocclusions et qu’il subsiste par exemple des diastèmes à l’une ou l’autre des 2 arcades, avec un rapport sagittal et vertical correct au niveau des secteurs latéraux et antérieurs.

La DDD a surtout été étudiée en denture permanente par BOLTON (1952). Ce dernier établit un rapport numérique entre la somme des diamètres mésio-distaux des dents mandibulaires et celle des dents maxillaires.

 Index de "l'overall ratio"
C'est le rapport global qui prend en compte les 12 dents permanentes de l’arcade maxillaire (16 à 26) et les 12 dents permanentes de l'arcade mandibulaire (36 à 46).

Somme des diamètres MD des 12 dents mandibulaires (mm) x 100
Somme des diamètres MD des 12 dents maxillaires (mm)

Ce rapport est égal en moyenne à 91,3 % +/- 0,26 (les limites acceptables sont 87,5% et 94,8%)

Si le rapport est supérieur à 91,3%, la DDD consiste en un excès mandibulaire ou défaut maxillaire.
Si le rapport est inférieur à 91,3%, la DDD consiste en un excès maxillaire ou défaut mandibulaire.


 Index de "l'anterior ratio"
Compte tenu de l'importance de la position sagittale et verticale des incisives dans l'éruption des canines, il est intéressant de pratiquer en plus et indépendamment de cet overall ratio , la même étude pour les 6 dents antérieures maxillaires et mandibulaires isolement.
BOLTON considère de plus que le secteur antérieur de chaque arcade est le siège le plus fréquent de la DDD, ce qui évite de faire un calcul complet.

Somme des diamètres MD des 6 dents antérieures mandibulaires (mm) x 100
Somme des diamètres MD des 6 dents antérieures maxillaires (mm)

Moyenne : 77,2 % +/- 0,22
Limites : 74,5% et 80,4 %

Si le rapport est supérieur à 77,2 %, la DDD consiste en un excès relatif de largeur du périmètre antérieur mandibulaire se manifestant soit par des diastèmes interincisifs maxillaires, soit par un encombrement incisif mandibulaire.

Si le rapport est inférieur à 77,2 %, la DDD consiste en un excès relatif de largeur du périmètre antérieur maxillaire se manifestant par un recouvrement incisif et un surplomb augmentés.

2.4. Indice mesurant les bases squelettiques: analyse de Rees

Cette analyse consiste en l'étude des rapports entre l'étendue des bases apicales et "le périmètre occlusale" d'arcades aux maxillaires et à la mandibule.

Elle se conduit de la manière suivante:

1/ effacement des freins labiaux et jugaux sur les modèles;
2/ construction de trois lignes perpendiculaires au plan d'occlusion passant par la face mésiale de chacune des dents de 6 ans et par le point de contact interincisif médian, et prolongées de 8 à 10mm au-delà de la papille gingivale;
3/ mesure de la distance entre les deux lignes passant par les faces mésiales des dents de 6 ans, en appliquant sur le modèle une étroite bande de papier collant de l'extrémité de l'une de ces lignes à l'autre.
4/ mesure de la longueur d'arcade de la face mésiale de la dent de 6 ans gauche à la face mésiale de la même dent à droite, en utilisant un fil de métal mou passant par le sommet des dents cuspidées et le bord libre des incisives.


Figure 17: tracé sur les modèles

Les valeurs ainsi mesurée en intra et intermaxillaire sont comparées aux valeurs idéales établies par REES (1953).
Cette méthode d'analyse est réservée à la denture définitive.
Dans certains cas extrêmes, cette analyse constitue une aide pour le praticien dans l'établissement du plan de traitement (extraction ou non par exemple).


Figure 18: valeurs moyennes selon Rees

2.5. Indice de Hauteur palatine


D’après KORKHAUS (1939), la hauteur palatine est définie comme la distance perpendiculaire au raphé médian, allant de la surface palatine au plan occlusal.

Cet auteur a défini l’indice de hauteur palatine comme suit :

Hauteur palatine x100
Largeur postérieure de l’arcade


La valeur moyenne de cet indice est de 42 %. Il augmente lorsque le palais est plus profond que ne le voudrait le développement transversal du maxillaire, et inversement, il diminue quand le palais est plat.
Notons qu'une augmentation de la hauteur palatine constitue souvent un signe en faveur de l'existence d'une endognathie associée des maxillaires; cette endognathie, conséquence fréquente d'une respiration buccale chronique, d'un rachitisme ou d'un certain type de succion des doigts, entraîne un rétrécissement des procès alvéolaires supérieurs.




Figure 19 : Indice de hauteur palatine de KORKHAUS.
La hauteur du palais est mesurée dans le plan sagittal médian au niveau des dents de 6 ans, de la surface palatine au plan occlusal. Elle est perpendiculaire à la droite reliant le sillon vestibulocentral de chacune des 1ères molaires.







3. INDICES UTILISANT LES CLICHES RADIOGRAPHIQUES

Ces indices sont principalement calculés sur une téléradiographie de profil et ils permettent d’évaluer l’encombrement dentaire, surtout en postérieur.
On distingue entre autre:
- l'indice de position molaire
- la position de l’incisive inférieure

3.1. Indices de position molaire

 Indice de CAUHEPE et coll:
CAUHEPE et Coll ont élaboré en 1966 un indice d’inclinaison des 1ères molaires permanentes dans le sens mésio-distal. Ils définissent pour cela l’axe des molaires tracé entre les points situés l’un au milieu du diamètre mésio-distal de la face occlusale, l’autre à mi-distance des apex, et le plan occlusal passant par le plan de morsure des 1ères molaires permanentes et des prémolaires ou molaires temporaires.

Les auteurs considèrent les angles suivants :
- l’angle ouvert en haut et en avant, formé par l’axe de la 1ère molaire maxillaire et le plan d’occlusion (angle alpha)
- l’angle ouvert en bas et en avant, formé par l’axe de la 1ère molaire mandibulaire et le plan d’occlusion (angle béta)
- l’angle ouvert en arrière, formé par l’axe des molaires maxillaire et mandibulaire (angle gamma)

Les valeurs normales de ces angles sont :
- Angle alpha : 90 °
- Angle béta : 100°
- Angle gamma : 170°



Fig 20 : indice d’inclinaison mésio-distale des 1ères molaires.

Ces normes ne varient pas avec l’âge ou la morphologie faciale.
Dans les cas d’encombrements dentaires importants, les auteurs ont observé que l’angle gamma dépassait les 180° ( et que alpha se rapprochait de 80°, et béta de 90°). Un des intérêts de cet indice est la facilité de lecture de l’angle gamma, une réglette suffisant à déterminer s’il est inférieur à 180 ° donc normal, ou supérieur à 180 ° donc pathologique.

 Indice 6-PtV de l'analyse de Ricketts:
Cet indice permet de juger :
- si la 1ère molaire est en bonne position par rapport à sa base, ou en mésio ou distoposition,
- s’il existe ou non un encombrement postérieur (par exemple, si distance 6–Pt V est inférieure à la norme et si l’on a une classe I dentaire, on aura un encombrement en postérieur)

Nb: Dist 6-PtV: Age+3mm soit 12mm à 9 ans

 Indice Xi-DM2 de SCHULHOF
Il mesure la distance entre le point Xi et la face distale de la 2ème molaire inférieure.
Les distances mesurées sont en moyenne de :
- 21 mm lorsque la 3ème molaire est incluse
- 25 mm lorsque la 3ème molaire est présente sur l’arcade mais en mauvaise position
- 30 mm lorsque la 3ème molaire est sur l’arcade en bonne position.



Fig 21 : les indices 6-Pt V et Xi- DM2.

3.2. La position de l'incisive mandibulaire

Les auteurs ont des avis divergents à ce sujet (TWEED place l’incisive mandibulaire en fonction des valeurs du triangle de diagnostic, alors que RICKETTS et SCHULHOF placent son bord incisif 1 mm en avant de la ligne A-Pog, dans la mesure où ces valeurs sont compatibles avec l’équilibre fonctionnel)

La position de l’incisive inférieure est capitale pour la stabilité du cas, pour le calcul de l’encombrement dentaire et le choix du traitement à mettre en œuvre. En effet, tout mouvement de 1 mm du bord incisif entraîne une modification de 2 mm de l’espace disponible.
III. INDICES EPIDEMIOLOGIQUES
1. Index of orthodontic treatment need (O.I.T.N)
Le besoin du traitement orthodontique : l’IOTN, ou index of orthodontic treatment need.
S. RICHMOND, P.-I. NGOM, F. DIAGNE.
Orthodontie française, décembre 2005, 76 (4)

Centres d'intérêts:
- Evaluer les cas qui devraient être traités en priorité ou bénéficier préférentiellement de remboursement de traitement orthodontique en cas de pénurie de fonds publics;
- permettre au omnipraticiens une approche plus objective des cas necessitant un traitement;
- permettre au patient d'avoir un élément de comparaison afin de se situer par rapport à la norme.

Cet indice est calculé à l'aide deux composantes:
- la première esthétique; consiste en une échelle de dix points illustrée par une série de photographie numérotées de 1 à 10;
- la seconde, fonctionnelle, est mesurée grâce à une réglette d'évaluation, possédant cinq degrés différents allant de 1 (traitement inutile) à 5 (grand besoin en traitement orthodontique).

Cet indice a un avantage primordial: la reconnaissance du fait que les désordres dentaires sont tous spécifiques, la plus sévère des anomalies identifiées est la base d'évaluation du besoin de traitement orthodontique.

2. Peer Assessment Rating Index (PARI)
Indice permettant d'évaluer les résultats de traitements orthodontiques. On calcule le score de cet indice également à l'aide d'une réglette d'évaluation qui résume les onze composantes qui le constituent.
Cet indice est appliqué sur les modèles d'études d'avant et après traitement. Ainsi, la diminution du score met en valeur une amélioration des caractéristiques de l'occlusion du patient tandis qu'une augmentation du score relate un échec relatif du traitement.


3. Index de priorité thérapeutique
C'est un outil épidémiologique pour hiérarchiser les malocclusions et classer la nécessité du traitement orthodontique.
Il a été développé pour déterminer si le traitement orthodontique réduisait la sévérité de la malocclusion au-dessous du niveau d'importance établi par le service de santé publique. Ensuite, l'utilité de l'index TPI fut reconnue pour les enquêtes épidémiologiques des malocclusions et comme outil de sélection pour les programmes de santé publique.
Le TPI est basé sur l'évaluation des moulages ou les examens cliniques de 375 enfants âgés de 12 ans. Les éléments mesurés furent limités à ceux décrivant une anomalie occlusale, excluant les facteurs étiologiques (tels que les habitudes) ou les mesures relatives à la malocclusion en elle-même (comme la largeur inter-canine).

Les schémas établis ou les associations de mesures sélectionnées définissent les syndromes. Sept syndromes ont été développés, définissant le rapport incisif hori-zontalement (rétrusion, surplomb) et verticalement (supraclusion, infraclusion), l'occlusion des segments latéraux (occlusion croisée postérieure) et les mouvements dentaires (rotations et encombrement). A partir de l'analyse à régression multiple, les syndromes furent évalués suivant les rapports de la première molaire, mésio, neutre et distocclusion. Une constante, correspondant aussi à l'occlusion molaire fut ajoutée au total de l'index TPI. La valeur définitive de l'index, pourrait varier de zéro à dix.
Le précurseur du TPI à été «l'Estimation de la Sévérité de la Malocclusion» (MSE) développé par Grainger au centre de Recherche Orthodontique de Burlington. A la différence du TPI, le score du MSE était celui du syndrome avec la plus grande valeur, quels que soient ceux des autres syndromes. Dans le MSE. le score de zéro n'était pas attribué en cas d'absence de troubles d'occlusion. Le TPI différait aussi du MSE en effaçant le dépla¬cement dentaire potentiel (analyse d'espace en denture mixte) et en évaluant de façon identique la distocclusion et la mésiocclusion.




figure 22: TPI, index de priorité thérapeutique, recueil des données


BIBLIOGRAPHIE


BASSIGNY F.
Manuel d'orthopédie dento-faciale. 2ème éd. Paris: Masson, 1991.

CHATEAU M
Orthopédie dento-faciale : tome 1. Paris: Editions CdP; 1993
Orthopédie dento-faciale : tome 2. Paris: Editions CdP; 1993

FAVOT P. PERRIER D'ARC G.
Examen clinique de la face en orthopédie dentofaciale. Encycl Med Chir (Elsevier, Paris) odonto-stomatologie, 23-460-A-10,1997, 5p.

GHAFARI J; LOCKE S.A.; BENTLEY M.
Evaluation longitudinale de l'index de priorité thérapeutique (TPI). Am J Orthod Dentofac Orthop Ed Fr 1990, 01: 305-314.

LANGLADE M
Diagnostic orthodontique. Paris: Editions Maloine; 1981

RAKOSI T,JONAS I
Atlas de médecine dentaire : orthopédie dento-faciale, diagnostic. Ed Médecine sciences- flammarion. 1992

WEISSENBACH C, WEISSENBACH M, GAUTIER F, DAVID S
Morphogenèse tardive res arcades dentaires. Ortho Fr 2004, 75, 123-139