L’incroyable histoire des soins dentaires d’Edda, ou comment se faire soigner lorsqu’on est handicapé...

Edda est une jeune femme de 33 ans lourdement handicapée mentale. Dans la France de 2009 où chaque politique de tout bord, et notamment le premier, dégouline de bonnes intentons sur l’"inclusion" des handicapés, il a fallu 11 mois pour lui soigner deux caries. Aidez nous, et tous les parents d’enfants handicapés, à porter ces aventures aux oreilles ou aux yeux des "décideurs". Voici celle d’Edda :



Au mois de mars 2008 une radio panoramique des dents de notre fille Edda, faite à l’Hôpital Necker, montre des caries dans les molaires les plus antérieures de chaque coté de la bouche. La stomatologue qui s’occupe d’elle essaie de les soigner, mais n’y réussit pas. Edda a trop peur pour rester tranquille le temps qu’il faut. Nous décidons de prendre rendez-vous avec une collègue de la stomatologue qui soigne ses patients sous sédatif.
Comme cette collègue est la seule du service stomatologie à pratiquer de tels soins, elle est très demandée. Il faut attendre le mois de mai pour qu’une nouvelle tentative soit faite, mais cette fois encore, Edda ne se laisse pas faire.
La stomatologue d’Edda fait alors une lettre à un praticien au Centre Gilbert Schneck à Bourg-la Reine, qui fait des interventions sous anesthésie générale. Nous avons un rendez-vous fin juin. Ce médecin dit immédiatement que lui même ne fait qu’arracher des dents sous anesthésie générale, et qu’il n’y a pas de raison d’arracher ces molaires. Nous devrons nous adresser à une de ses collègues du même centre.
A cause des vacances d’été, nous avons un rendez-vous en septembre seulement. Nous devons remplir un questionnaire, où on nous demande, entre autres renseignements, si le patient a eu une opération au cerveau avant 1995. C’est le cas d’Edda.
Quand la chirurgienne-dentiste voit notre réponse au questionnaire, elle nous informe qu’il est hors de question pour elle de soigner Edda, qu’elle n’a pas le droit de le faire sous peine de voir son matériel confisqué. Elle nous dit de nous adresser à l’Hôpital de la Pitié, seul habilité à s’occuper de tels patients.
Nous essayons pendant deux jours complets, du matin au soir, de téléphoner au service stomatologie de la Pitié, sans résultat. Leur téléphone sonne toujours occupé. Le troisième jour nous allons à Paris, à l’hôpital, pour prendre un premier rendez-vous. Il est fixé au 19 décembre.
L’intervention sous anesthésie générale est programmée pour le 9 février 2009. Edda a beaucoup de chance, une de ses molaires peut être sauvée. Depuis le temps qu’elle souffrait…
Outre notre stomatologue, nous avons vu cinq médecins en 11 mois pour soigner deux caries, devant la porte desquels nous avons patienté de longues heures. A l’exception de la chirurgienne au Centre Schneck, qui nous a envoyé promener, tous ont été courtois et corrects.
Mais aucun n’a semblé avoir vraiment envie de s’intéresser à la situation particulière d’Edda.

Source : www.agoravox.fr